Dans les années 70 se sont installées des dictatures militaires dans plusieurs pays du cône sud de l’Amérique Latine. La communauté universitaire a été confrontée à la fermeture des universités, à des situations de persécution, et parfois à des incarcérations, forçant de nombreux chercheurs à l’exil. Nous nous sommes intéressés au cas de plusieurs mathématiciens chercheurs en probabilité et statistique, qui durent s’exiler, et aux conséquences académiques et personnelles qu’eut cette phase historique.
Plusieurs d’entre eux, après avoir fui dans divers pays, trouvèrent refuge au Venezuela, où la démocratie et les conditions économiques permirent l’accueil d’une vaste communauté scientifique étrangère. Au cours d’entrevues avec plusieurs membres de cette communauté, nous avons abordé les thèmes suivants :
Ces témoignages nous paraissent importants tant au niveau de l’histoire des sciences qu’au niveau de la connaissance historique d’une facette des dictatures du cône sud. Ils ont leur importance aujourd’hui aussi, parce qu’ils peuvent être mis en perspective avec la situation actuelle du Venezuela et des chercheurs vénézueliens qui abandonnent leur pays pour chercher de meilleures conditions de vie et de travail dans d’autres pays latino-américains.
Le projet comporte déjà plusieurs entretiens, mais nous sommes encore dans une phase exploratoire. Pour le moment, nous avons filmé trois scientifiques qui se sont exilés dans les années 70 : Enrique Cabaña, Ricardo Fraiman et Jorge Vidart (Uruguay). Nous avons également filmé des entretiens avec les mathématiciens vénézuéliens José León et Carenne Ludeña, qui ont été témoins de l’arrivée des scientifiques étrangers dans leur pays et ont vécu leur départ. Enfin, nous avons filmé le Français Didier Dacunha-Castelle qui est à la fois un témoin de l’évolution de la probabilité et de la statistique depuis les années 70, et une figure clé de la coopération entre la France et l’Amérique Latine. Nous avons comme projet de filmer d’autres scientifiques ainsi que des historiens et de rassembler des documents de l’époque comme des textes et des photos, pour compléter le panorama sur la situation qui a été vécue.
La forme que nous souhaitons donner à tout ce corpus est celle d’un documentaire basé sur les entretiens déjà réalisés et à venir. Nous étudions également la possibilité de monter une exposition basée sur la projection d’entretiens et sur les documents d’archives, photos, articles mathématiques, rassemblés.